Les plus beaux romans graphiques du 1er semestre 2020
Aldobrando
De Critone et Gipi (Casterman)
Le jeune Aldobrando a été déposé chez un vieux mage à l’âge de 5 ans par son père condamné à mort, afin qu’il l’élève et le fasse devenir un Homme. Mais en grandissant, Aldobrando a peur de tout et reste cloitré dans la masure du vieillard.
Lors de la concoction d’une potion, le mage se blesse grièvement à l’oeil et demande à son jeune protégé de lui trouver « l’herbe du loup », seule capable de le sauver. Aldobrando doit donc partir de par le vaste monde qu’il ne connaît pas, pour une quête vitale dont il n’a pas la moindre idée.
Les choses vont se compliquer encore lorsque la première personne qu’il rencontre s’avère être l’assassin du fils du roi !
Un dessin somptueux illustre ce superbe conte philosophique !
Sur la route de West
De Tillie Walden (Gallimard)
Une ado fait une fugue et est prise en stop par une amie de sa mère. Une dizaine d’années sépare les deux femmes mais toutes deux fuient quelque chose de leur passé. Elles trouvent un chat perdu dont le médaillon indique qu’il habite à « West ». Même si cette ville n’est indiquée sur aucune carte, elle décident de partir tout de même à sa recherche. Bientôt d’étranges personnages vont sembler être à leur poursuite…
Un road movie fantastique par une toute jeune autrice américaine (24 ans) déjà très prometteuse. « Sur la route de West » est déjà son 4ème livre publié en France, et tous dans leur genre sont excellents : « Spinning », « Dans un rayon de soleil » et « J’adore ce passage ».
Peau d’Homme
De Hubert et Zanzim (Glénat)
Dans une Renaissance fantasmée, la jeune Bianca est sur le point de se marier. Fille de bonne famille, son mariage est forcément arrangé, et elle n’est pas ravie de devoir passer sa vie avec cet homme qu’elle connait si peu. Lorsque sa tante va lui révéler un secret : les femmes de sa famille possèdent, depuis des générations une peau d’homme, qu’elles se passent de mère en fille. Elle pourra donc à loisir revêtir cette peau afin de devenir un véritable homme incognito. Le soir, Bianca devient donc Lorenzo, identité sous laquelle elle pourra vivre d’avantage de choses, être plus respectée et du coup plus sûre d’elle… Une vie meilleure en somme, plus riche plus variée.
« Peau d’homme », dans un décor de Renaissance, traite de sujets très actuels : le genre, le féminisme, l’autorité religieuse, la force des traditions… Une BD incontournable et superbe !
Un travail comme un autre
De Alex W. Inker (Sarbacane)
Dans l’Amérique des années 1920, Roscoe est passionné par l’électricité dont il fait son métier. Mais en épousant Marie, il hérite de la ferme familiale de celle-ci et doit changer de métier pour devenir fermier. Métier qu’il méprise et qu’il exerce à contre-coeur. Pour éviter la faillite, il décide de détourner clandestinement une ligne électrique pour la relier à sa ferme. L’entourloupe fonctionne pendant un temps… Mais un jour, un employé du réseau électrique, perd la vie à cause de son branchement sauvage. Roscoe est alors incarcéré et nous suivons alors sa lente descente aux enfers.
Un récit magnifique, adapté de Virginia Reeves, porté par le toujours très fort dessin d’Inker, tout en oranges et en pointillisme.
Après les excellents « Apache », « Servir le peuple » et « Panama Al Brown », Inker nous livre ici une oeuvre majeure et étincelante !
Géante
De Jean-Christophe Deveney et Nuria Tamarit (Delcourt)
Céleste est une géante, trouvée bébé par une famille de bucherons, et élevée au côté de 6 frères. Devenus grands, chacun des 6 frères partira faire sa vie, mais Céleste, elle, doit rester à la maison, auprès de ses parents adoptifs. Car Céleste, en plus d’être une géante, est surtout une fille.
Mais elle souhaite vraiment découvrir le vaste monde : elle décide donc de prendre la fuite. Dans son périple, elle expérimentera les difficultés d’être différente, elle connaîtra la guerre, la souffrance… mais aussi l’amour et la gloire. Elle découvrira surtout la liberté et a satisfaction de devenir pleinement elle-même.
Un très beau récit !